Par Julien Tendora, expert en développement infantile et éco-puériculture
Dans l’univers coloré des jouets pour enfants, un dilemme persiste : faut-il privilégier la chaleur authentique du bois ou la polyvalence moderne du plastique ? Cette question dépasse le simple choix esthétique ; elle engage la sécurité des jouets, l’impact environnemental, et le développement cognitif de l’enfant. Face à une offre pléthorique, les parents cherchent des repères fiables. Les jouets en bois, symboles de tradition et de durabilité, séduisent les défenseurs de l’écologie. À l’inverse, les jouets en plastique, souvent plus abordables et interactifs, répondent aux attentes d’un monde connecté. Comment trancher ? En tant qu’expert, je vous propose une analyse comparative objective, fondée sur des critères scientifiques, éthiques et pratiques. Ensemble, explorons les avantages, limites et idées reçues de ces deux matériaux pour vous guider vers un choix éclairé.
1. Les atouts incontestables des jouets en bois
Durabilité et robustesse : Un cube en hêtre ou un train en bouleau résistent aux chocs et se transmettent sur des générations – contrairement au plastique, souvent fragile après des chutes répétées.
Sécurité des jouets : Sans phtalates ni BPA, le bois massif (non traité) limite les risques allergènes. Sa surface lisse évite les échardes, surtout pour les jouets pour bébé.
Impact environnemental : Issu de forêts gérées durablement (labels FSC ou PEFC), il est 100% biodégradable. Des marques comme PlanToys utilisent même du bois d’hévéa recyclé et des colorants à base de soja.
Stimulation sensorielle : Le poids, la texture et l’odeur naturelle éveillent le toucher et l’odorat, essentiels au développement sensoriel. Les jouets Grimm’s ou Janod misent sur ce côté « brut » pour favoriser l’imagination.
2. Les forces méconnues des jouets en plastique
Accessibilité économique : Produits à grande échelle (ex. Lego, Playmobil), ils coûtent 30 à 50% moins cher que l’équivalent en bois.
Innovation fonctionnelle : Lumières, sons, mécanismes motorisés (VTech, Fisher-Price) captent l’attention des enfants ayant besoin de stimuli multisensoriels.
Hygiène optimisée : Lavables au lave-vaisselle ou à l’eau savonneuse (ex. jouets de bain Munchkin), ils conviennent aux collectivités.
Recyclabilité : Le plastique recyclé (rPET) gagne du terrain : Green Toys crée des camions avec des bouteilles usagées, réduisant l’empreinte carbone de 90%.
3. Points de vigilance : que cachent ces matériaux ?
Risques du plastique :
- Substances toxiques : Certains polymères libèrent des microparticules en cas d’usure.
- Obsolescence : 80% des jouets électroniques finissent en décharge après 2 ans (source : ADEME).
- Surabondance sensorielle : Les jouets lumineux peuvent saturer l’attention et entraver la concentration.
Limites du bois :
- Prix élevé : Une cuisine en bois Le Toy Van coûte 3× le prix d’un modèle plastique.
- Entretien délicat : L’humidité provoque gonflements ou moisissures.
- Poids : Un cheval à bascule en bois (Vilac) est moins maniable pour un petit.
4. Guide d’achat expert : 5 critères pour choisir
- Âge de l’enfant :
- 0-3 ans : Privilégiez le bois (ex. hochets Hape) pour éviter les perturbateurs endocriniens.
- +3 ans : Alternez puzzles en bois (Melissa & Doug) et jeux plastique éducatifs (Lego Duplo).
- Normes de sécurité :
- Recherchez les logos CE ou NF Environnement. Pour le plastique, exigez « sans BPA ».
- Impact écologique :
- Bois : vérifiez les labels FSC. Plastique : optez pour du recyclé (Bigjigs).
- Durabilité vs. usage éphémère :
- Pour un jouet « phare » (dînette, train), investissez dans du bois (Jeujura). Pour un effet de mode (ex. personnage de film), le plastique suffit.
- Valeurs familiales :
- Écoresponsabilité ? Bois issu de circuits courts (Moulin Roty). Innovation ? Plastique high-tech (Mattel).
5. Tendances : la fusion des matériaux
L’industrie innove pour concilier écologie et modernité :
- Bois hybridé : Brio intègre des rails en bois avec éléments électroniques silencieux.
- Bioplastiques : Hasbro lance des Play-Doh à base d’amidon de maïs.
- Location de jouets : Des plateformes comme Petit Kiwi proposent des abonnements mixant bois et plastique premium.
Le débat « bois vs plastique » ne saurait être tranché par un vainqueur absolu. Chaque matériau possède des vertus intrinsèques répondant à des besoins distincts : si le jouet en bois incarne l’excellence en matière de durabilité, de sécurité et d’éco-conception, le jouet en plastique moderne, notamment recyclé, offre une accessibilité et une polyvalence inégalées dans les jeux interactifs. L’âge de l’enfant reste un critère pivot : pour les tout-petits, le bois massif non traité s’impose comme un rempart contre les substances nocives, tandis que les enfants plus âgés bénéficient de la complémentarité des deux univers.
Ne négligez pas l’aspect émotionnel : un jouet en bois transmet une chaleur tactile et une histoire familiale, renforçant le lien intergénérationnel. À l’inverse, un jouet en plastique innovant peut stimuler l’adaptabilité cognitive face aux technologies futures. L’émergence de biomatériaux et de modèles économiques circulaires (location, recyclage) ouvre une troisième voie prometteuse, conciliant respect de la planète et plaisir du jeu.
En tant que parent, interrogez vos priorités : recherchez-vous un investissement durable, un outil d’éveil spécifique, ou un produit nomade et lavable ? Consultez les labels, privilégiez les marques engagées comme PlanToys ou Green Toys, et n’oubliez pas que le « meilleur » jouet est celui qui éveille la curiosité de votre enfant, quel que soit son matériau. Enfin, rappelons que le jeu libre, déconnecté des écrans, reste la clé du développement de l’enfant – une valeur que le bois symbolise, mais que le plastique responsable peut aussi servir.